mercredi 21 mai 2014

Passer un entretien pour une école d'ingénieur

Bonjour à tous :)

Après avoir passé les entretiens pour la prépa des INP, l'E.I. de Purpan, l'ISARA Lyon et LaSalle Beauvais, voici un petit récapitulatif des questions incontournables lors d'un entretien pour une école supérieure :

  • Quelles sont les valeurs auxquelles vous êtes attaché(e) ?
  • Si vous êtes pris(e) dans toutes les écoles que vous avez demandé, laquelle choisirez-vous ? Et pourquoi ?
  • Si vous n'êtes pris(e) dans aucunes des écoles que vous avez demandé, que ferez-vous?
  • Quelles sont vos occupations extra-scolaires ?
  • Citez 3 traits de votre caractère qui vous décrivent le mieux ?
  • Quelles sont vos défauts ?
  • Quelles sont vos qualités ?
  • Pourquoi notre école et pas une autre ? (pensez aux particularités de l'école : stages nombreux, pédagogie, cadre, etc...)
  • Je dois écrire un rapport sur notre entretien, dictez-le moi. (question difficile, mettez-vous en avant, précisez que si vous êtes admis vous choisirez forcément cette école)
  • Avez-vous déjà voyagé ? Qu'est-ce qui vous a le plus plut ?
  • Vous-êtes vous préalablement documenté sur le domaine de ... (domaine enseigné par l'école) ? (répondez oui et CITEZ DES EXEMPLES !)
  • Citez une célébrité que vous admirez. Pourquoi ? (Essayez d'éviter Céline Dion ou Justin Bieber et privilégiez des scientifiques en rapport avec l'école que vous présentez)
  • Une aventure que vous voudriez vivre ?
  • Une chose importante à vos yeux ?
  • Une chose / un évènement que vous voudriez changer dans votre vie ?
Surtout, peu importe la question, gardez votre sang-froid, montrez vous intéressé et faites en sorte que vos réponses aient un rapport avec l'école à laquelle vous postulez. Mettez en avant le fait que vous connaissez l'école, que vous vous êtes renseignez, que vous êtes venus aux journées portes ouvertes, etc...

Bonne chance à tous pour vos entretiens ! :)

samedi 17 mai 2014

Fiches de révisions pour le Bac : Chimie

Bonjour à tous :)

Certains m'ont demandé de mettre en ligne mes fiches de révisions pour le Bac. Aussitôt dit, aussitôt fait !

Cliquez sur les liens ci-dessous pour accéder aux leçons correspondantes :


Bonnes révisions à tous ! :)

dimanche 4 mai 2014

Lecture analytique de la lettre 99, des Liaisons Dangereuses, de Choderlos de Laclos

Lettre 99 

Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil

Le triomphe prématuré du Vicomte


Intro. :Les Liaisons dangereuses est un roman épistolaire écrit par Choderlos de Laclos au XVIIIème s. et publié en 1782. Laclos veux d’après lui, peindre le monde du libertinage et mettre en évidence la perversion des valeurs des lumières. Dès sa parution le livre fait succès, malheureusement ce succès est dû au scandale qui l’entoure. En effet on lui reproche de s’être détourné des principes des Lumières et que son roman n’est pas assez moralisateur ainsi il se verra interdit au XIXème s.


Valmont raconte à la Marquise son entrevue avec Mme de Tourvel, qui s'abandonna, dans un élan de larmes, aux sentiments qu'elle avait pour lui. Il fait un compte-rendu à sa complice sur sa victime. Il éprouve le besoin de témoigner car est fort ému.

  • Ouverture : Lettre 99 pourrait ê associée à la lettre 100. Même expéditeur & même destinataire. On y apprend que Mme de Tourvel s’est enfuie  Valmont se retrouve mis en échec (colère). On se rend compte qu’il a été trop prétentieux, qu’il n’a pas eu une lucidité totale sur les évènements. Il connaît dc qq petites failles. La fuite de Madame de Tourvel, après ses aveux, constitue entre les lettres 99 et 100 un effet de surprise (effet contraste)  par juxtaposition de 2 lettres, Laclos est ironique.

Analyse :

  • 2 tps ds ce passage de la lettre : tps de la crise « ma belle … cet orage » & tps de l’apaisement « J’étais … ».
- Nouvelle complicité entre V. & T., créer un rapprochement.
- V. pense que c’est gagné au moment où elle tombe dans ses bras. T. abandonne sa main à V. (conquête de V et 1ère défaite de T).
  • Jeu sur les tps : présent («  Il ne reste plus »), passé & même conditionnel (« je parierais »). Et j’ai mis futur pour « ce que deviennent mais je suis pas sure => a vérifier c'est du présent ms c'est une projection ds le futur
- V. analyse, anticipe, émet des hypothèses « peut-être », « peut-il ».
- Selon ses calculs --> T. est déjà sienne. Il est déjà assuré de sa victoire complète.
l.46 : « Je parierais qu’à présent elle est enchantée d’en être là »
l.48 : « Peut-être, pendant que je vous écris, s’occupe-t-elle déjà de cette douce idée ! »
  • Distance entre les deux tps :
- ds 2nd tps --> V. s’éloigne de T,.
- nouveau vocab : « tous les frais sont faits »
- T. disparaît dans une case, devient une femme parmi les autres « Prudes austères »
- V. retrouve les réflexes des gds libertins (il devient beaucoup plus calculateur et froid) pr se rapprocher de M. après que son récit l’en ait éloigné. Dernière phrase étrange sonne comme une formule de politesse => évolution du perso. de V. ds sa lettre. o
  • Lettre à double enjeu : en apprendre sur celui qui raconte & sur Mme de T. et sur V
Questions :
  1. Comment s’exprime les émotions & les sentiments de Mme de Tourvel ?
  • Exprime ses sentiments amoureux & son déchirement intérieur.
tt cela est exprimé avec violence.
l.4 : « tombée dans mes bras »
l.5-6 : « se dégageant avec une force convulsive, la vue égarée, et les mains élevées vers le Ciel » l.16 : « sanglots redoublés »
l.17 : « elle me tenait avec une force qui ne m’aurait pas permis de m’éloigner » l.20-21 : « tous ses membres se sont roidis, et de violentes convulsions ont succédé à cet orage ».
  • Lexique important qui témoigne de la violence des réactions physiques de T. --> marque intensité de ses émotions.
  • La sensibilité de T. la bouleverse
  • Son corps en est totalement bouleversé – les émotions passent par le corps.
  • Champ lex. du corps : « vue égarée », « mains élevées vers le Ciel », « ses membres se sont roidis »…
  • Défaillance du corps, quasi évanouissement.
  • Tt le corps parle le langage de l’émotion, s’exprime – il est hors contrôle, déchainé.
l.20-21 : « tous ses membres se sont roidis, et de violentes convulsions ont succédé à cet orage »
--> agitation, trouble extrême – cette violence vient d’une lutte intérieure .
  • On observe un contraste paroles / corps.
  • Une voix en elle veut la sauver.
  • T. est une de religion --> elle ne doit pas pêcher pr avoir son Salut (qui compte énormément pr elle, importance extrême).
  • Elle s’adresse à Valmont & à Dieu en même tps.
  • Elle semble comparer V. à Dieu --> elle fait un rapprochement.
  • V. devient son sauveur :
l.7 : « Dieu… ô mon Dieu, sauvez-moi » l.12 à 15 : « Oui, ce sera vous, disait-elle, ce sera vous qui me sauverez ! […] laissez-moi ; sauvez-moi ; laissez-moi ; au nom de Dieu, laissez-moi » --> peu cohérent, lutte entre amour & vertu.  
  • V. adulé par T. Il est très touché par ce spectacle, de cette lutte acharnée à l’intérieur du personnage
  • T est à la fois forte et faible ne peut pas résister à la force de ses sentiments
  •  
     
  1. Montrez l’importance et le sens du lexique de la lutte & du combat ds le récit de Valmont.
  • Champ lex. du combat – lexique de stratège militaire, martial.
l.50 « nouveau projet de défense »
  • V. nous fait le récit d’une victoire.
l.26 : « je m’en félicite »
l.26-27 : « déjà j’en ai presque reçu le prix »
  • Il parle aussi d’« empire » --> très solide ds son esprit mais en réalité fragile (fuite inattendue de T. ds lettre 100).
l.44-45 : « c’est une preuve de plus de mon empire »
Sa victoire n’est qu’illusion.

  1. Relevez ttes les marques de l’émotion de Valmont ds l’extrait.
  • Malgré tt V. est touché par ce qu’il a vu, il est lui aussi pris par les émotions.
  • Tt d’abord, les émotions s’exprime par la manière dt V. désigne T.
Elle devient une sorte de divinité à ses yeux :
l.1 : « les beaux yeux », l.2 : « la bouche céleste », l.4 : « cette femme adorable »
Il l’écrit ensuite directement :
l.22 : « J’étais, je l’avoue, vivement ému » o
  • En réalité, c’est elle qui a un empire sur lui.
l.22 à 24 : « et je crois que j’aurais consenti à sa demande, quand les circonstances ne m’y auraient pas forcé. O
V. se montre comme un grand stratège mais il n’a fait qu’obéir à T.
V. cite des phrases aux mots près & à l’intonation près – Cite les évènements tels quels ce qui montre que le souvenir l’a marqué
Il éprouve un certain plaisir à revivre et raconter la scène par l’intermédiaire de sa lettre.
Scène vécue sur le mode de l’émotion.
comportement de V trahi son émotion, par exemple son inquiétude :
l.9-10 «  prête à suffoquer »
l.10 « pour la secourir »
Il nous fait revivre la scène. Description tellement précise (co. un tableau) qu’on a l’impression de vivre la scène.
Présence de paroles rapportées (parag. 1) + observations fines++ (parag.3). - expression du corps --> précision + ou - clinique.
l.20-21 : « tous ses membres se sont roidis, et de violentes convulsions ont succédé à cet orage ».
l.32 « Sa figure était abattue, sa voix faible, et son maintien composé »
- 3ème paragraphe : jeu de regard, échange amoureux.
l.33 : « son regard était doux, et souvent il s’est fixé sur moi »
- T. répond gentiment à V.
l.39 : « à quoi elle m’a obligeamment répondu » o
  • V. cède au plaisir de raconter la scène. Cette dernière est gravée en lui. Il est pris par l’émotion.
  • Enjeu du texte = ns en apprendre tant sur les évènements que sur les perso.
  • Un des gros intérêts du roman épistolaire = en apprendre sur celui qui parle.
  • Dans son récit, V. ns renseigne sur ses propres sentiments. Le lecteur capte ses émotions car il ns
les raconte avec précision (sensibilité).


  1. Qu’est-ce qui révèle, ds la fin du texte, les failles, les faiblesses du perso., du gd libertin ?
  • Vers fin passage --> apparaissent failles & faiblesses du gd libertin.
  • Vocab. change --> V. semble adopter un tt autre langage.
  • D’un coup il nie ( je suis pas sure qu’il nie totalement ce qu’il a dit mais il essaye de faire croire qu’il n’a pas ressenti autant d’émotions que ce qu’il a laissé paraître involontairement je suis d'accord avec Enora, si Enora écrit aussi en vert, il dit qu'il n'a pas ressenti d'émotions, il nie celui qu'il a été, pas tout) tt ce qu’il a dit au début.
l.47 : « tous les frais sont faits » (V. a fait son travail) --> lexique du commerce lexique sentiments du début.
l.46 : « Je parierais », l.47 : « il ne reste plus qu’à jouir » --> opération vidée de tte émotion.
  • V. remet son masque qu’il destine à la Marquise. Il s’est éloigné d’elle en parlant de T. et de ses sentiments. Il semble effacer émotions du début.
  • M. est + présente à la fin --> co. si V. l’avait oubliée un instant --> tente de se rattraper.
  • V tente de se rapprocher de M notamment à travers la « dépersonnalisation » de T d’un coup elle n’est plus rien pour lui et est mise dans une case, elle disparaît dans la classification, dans la masse
l.54 « Ces Prudes austères » (pluriel) en opposition avec l.4 « femme adorable » (singulier) o
  • Autre faille = orgueil, trop d’assurance, privé de sa lucidité, sentiment de supériorité masculine.
  • Il fait co. s’il savait tt de la Marquise.
l.54 : « Prudes austères » => c’est T la prude austère( pas la Marquise) je suis d'accord, M n'est pas prude
  • Tente de se rattraper avec de belles phrases :
l.58 « Ma belle amie »
l.61 : « à votre Chevalier »
l.61 à 63 : « pour moi je le désire comme si nous ne nous étions jamais connus » --> V. essaie de tt rattraper avec cette seule phrase (dernière du passage).
Prit ds son propre piège.
  • Paradoxe entre la sorte de déclaration d’amour pr T et son désir de rapprochement avec M`
  • V a un manque de psychologie par rapport à M, il est maladroit dans sa manière de s’adresser à elle
impression qu’il cherche à ce qu’elle devienne un ennemi mortel => aveuglement prétentieux ou détachement inconscient ?
comme si V faisait tt pour rendre M jalouse
  • En réalité, chq lettre qu’il envoie l’éloigne de la Marquise.
  • Autre faille => talents d’analystes vis à vis de T il prévoit l’avenir, tente de décortiquer les comportements, anticipe donc il croit acquérir un solide empire qui se révèle par la suite faible (lettre 100 quand T s’enfuit)
  • Prétention du savoir absolu du libertin


Lecture analytique de la lettre 81, des Liaisons Dangereuses, de Choderlos de Laclos



Lettre 81

La marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont
Entrée dans le monde


Intro. : Les Liaisons dangereuses est un roman épistolaire écrit par Choderlos de Laclos au XVIIIème s. et publié en 1782. Laclos veux d’après lui, peindre le monde du libertinage et mettre en évidence la perversion des valeurs des lumières. Dès sa parution le livres fait succès, malheureusement ce succès est du au scandale qui l’entoure. En effet on lui reproche de s’être détourné des principes des Lumières et que son roman n’est pas assez moralisateur ainsi il se verra interdit au XIXème s.

La Marquise de Merteuil écrit à son ancien amant le Vicomte de Valmont.

Le passage étudié est extrait de la lettre 81 – au cœur du roman – le passage le + célèbre du roman. N’a à priori aucun rôle dans l’intrigue et son déroulement mais nous offre cpdt un autoportrait de la Marquise – elle parle de son éducation à Valmont.

Nous pourrons nous demander en quoi cette lettre, à travers la m-en-p d’une méthode, permet de révéler le désir de liberté et d’émancipation du personnage.

 

I-Une lettre confession.

  1. Sincérité d’un autoportrait.
  2. Déterminisme.

II- Le règne du mensonge.

  1. L’art de dissimuler.
  2. Stoïcisme.
  3. Une actrice au sommet de son art.

III- Une femme des Lumières.

  1. Une entreprise rationnelle : « observer et réfléchir ».
  2. Une révolte féministe.
  3. Révolte libertine et exaltation du moi.
Conclusion : Ainsi, ds ce passage de la lettre 81, la Marquise de M. se dépeint co. une véritable ♀ des Lumières. A travers son autoportrait, qui relève de la confession, cette confession révèle paradoxalement chez le perso. le culte du mensonge et de l’artifice : arme nécessaire pr s’instruire et gagner sa liberté au sein de cette scté qui opprime les femmes. Sa méthode est un mélange de courage, de science, de raison et d’hypocrisie.
    • Ouverture : essais de Laclos sur les conditions de la ♀ montrent qu’elles doivent se révolter.
    • Rousseau : examen de conscience, de culpabilité ≠ L.D. : se révolter, s’affirmer.


      I- Une lettre confession.

        1. Sincérité d’un autoportrait.

        • Lettre de confidence destinée à V. --> confident, celui avec qui elle fait tomber le masque.
        • Digression (n’a à priori aucun rôle (pas de rapport) dans l’intrigue & son déroulement).
        • M. se révèle elle-même --> omniprésence marques de la 1ère pers. : « je », « moi ».
        • => rend lettre tel un récit autobiographique.
        Cf. Les Confessions de Rousseau (1765-1770)  1ère autobiographie du XVIIIème.
        « C’est l’histoire la plus secrète de mon âme, ce sont mes confessions ».

        1. Déterminisme.

        • Cette lettre montre que présent = csqce du passé  le passé explique le présent.
        • l.16 « J’étais bien jeune encore », l.25 « Je n’avais pas quinze ans » --> M. parle de son adolescence et de son entrée ds le monde.
        • l.5 : « Entrée dans le monde dans le temps où, fille encore, j’étais vouée par état au silence et à l’inaction… » --> silence + inaction => dénonciation de la condition des ♀. ( elle va se construire dans le refus)
        • 1ère piste de liberté + émancipation --> la ♀ doit se taire – soumission des ♀ qui obéissent à tt ordre. 
        • Transition : Cette lettre est un autoportrait incluant la sincérité  mise en opposition avec le contenu des paroles de la Marquise puisqu’elle va se dévoiler co. une championne du mensonge & de la comédie.

        II- Le règne du mensonge.

        1. L’art de dissimuler.

        • Éducation personnelle – elle s’est façonnée elle-même.
        • l.4 : « je puis dire que je suis mon ouvrage » , l.13 : « Je me suis travaillée avec le même soin et plus de peine »
        • M. observe la so. sans ê vu d’elle. Obligée de se cacher pr s’instruire car la ♀ n’est pas à égalité avec l’♂ ds la scté de l’époque.
        • → l.5 à 7 : M. cache ses sentiments pr mieux pouvoir étudier ses semblables sans se mettre elle-même en danger, l.16 vbe « dissimuler » , l.13 « Je me suis travaillée », l.14 « C’est ainsi que j’ai su prendre sur ma physionomie cette puissance dont je vous ai vu quelques fois si étonné ».
        • - l.9-10 : « j’obtins dès lors de prendre à volonté ce regard distrait… » --> s’exerce à maîtriser son regard – regard vague, inexpressif, absent.
        • - l.10-11 : « je tâchais de régler de même les divers mouvements de ma figure » --> contrôle de son visage. - l.11 à 12 (« douleurs volontaires ») : M. procède à une connaissance, étude de soi jusqu’à se maîtriser totalement.
        • - l.18 à 20 : adaptation de ses discours.
        • L’obj. de tt cela est de ne pas laisser trahir ses émotions, ne rien laisser transparaître – dissimuler, feindre, mentir. => La scté l’oblige à se livrer aux mensonges.
        1. Stoïcisme.

        • Le stoïcisme signifie le courage & l’impassibilité face à la douleur et l'adversité.
        • M. va jusqu’à se causer des douleurs volontaires --> permet d’ê souveraine de ses sentiments, ses émotions… l.12-13 : « j’ai porté le zèle jusqu’à me causer des douleurs volontaires, pour chercher pendant ce temps l’expression du plaisir. »
        • Domine totalement ses sentiments, émotions.
        • l.11-12 : « Ressentais-je quelque chagrin, je m’étudiais à prendre l’air de la sécurité, même celui de la joie » l.13-14 : « Je me suis travaillée avec le même soin et plus de peine pour réprimer les symptômes d’une joie inattendue »
        • Ne montre que ce qu’elle veut montrer.
        • l.20-21 : « et je ne montrai plus que celle qu’il m’était utile de laisser voir ».
        1. Une actrice au sommet de son art.

        • Son but a été atteint : l.14-15 : « C’est ainsi que j’ai su prendre sur ma physionomie cette puissance dont je vous ai vu quelques fois si étonné ».
        • Le mensonge est sa meilleure arme = arme invincible : l.14 « puissance », l.17 « munie de mes premières armes »…
        • Cette éducation personnelle (la pratique) devient co. un jeu pr M. : l.18 : « je m’amusais »
        • Capable de multiplier les rôles + capacité d’adaptation infinie – pouvoir immense de la volonté. l.19-20 : « je réglais les uns et les autres, suivant les circonstances, ou même seulement suivant mes fantaisies »
        • M. prend le masque qu’elle veut.
        • - duplicité + hypocrisie = art de vivre.
        • - éducation peu banale et totalement à rebours d’une éducation sentimentale.
        • - ne manque pas de dédain : l.1 « Mais moi, qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? » --> refus de leur ressembler.
        • - affirme clairement sa supériorité : l.25 « je possédais déjà les talents auxquels la plus grande partie de nos politiques doivent leur réputation » --> met en avant l’hypocrisie.
        • Éducation (double jeu) faite ds le mensonge, la duplicité & l’hypocrisie.
        • Transition : La Marquise utilise mensonge + artifice pr se connaître elle & les autres. Elle s’est façonnée elle-même – elle s’est occupée seule de son éducation. Cette lettre nous montre une image diabolique de M., ms nous nous demandons s’il ne faut pas voir au-delà de cette image. On de demande si ce n’est pas une ♀ des Lumières.


        III- Une femme des Lumières.

        1. Une entreprise rationnelle : « observer et réfléchir ».

        • On peut comparer Cécile de V. avec M. => Cécile sort du pensionnat et se livre à de futiles occupations alors que M. profite de son nouvel état pour observer et réfléchir.
        • Les philo. des Lum. pensent qu’il suffit de faire travailler sa raison et son intelligence.
        • l.1 : « règles que je me suis prescrites », l.8 : « Cette utile curiosité, en servant à m’instruire »
        • Analyse les propos & les gestes de ceux qui l’entourent pour dégager des significations et ne pas prendre les apparences pour des réalités : l.22 : « l’expression des figures et le caractère des physionomies », l.25 : « talents », l.23 : « ce coup d’œil pénétrant » --> apprentissage clairvoyance & lucidité qui lui permet de se libérer des codes.
        • l.26 : « premiers éléments de la science » --> méthode quasi-scientifique.
        • Démarche intellectuelle --> maîtrise absolue de soi-même.
        • Tt ces éléments font de la Marquise une ♀ des Lumières.

          1. Une révolte féministe.

            • Au début de la lettre --> M. méprise les autres ♀.
            • l.1 à 3 : « qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? », « car ils ne sont pas, comme ceux des autres femmes, donnés au hasard… » --> Se considère co. une ♀ supérieure => limite philo. des Lum. car égoïste & + individualiste au lieu solidaire.
            • Elle ne peut ê inférieure à l’♂. Plus tôt ds lettre (avt passage étudié) --> « née pour venger mon sexe et maîtriser le vôtre ». Désir de vengeance, de liberté, d’émancipation de la ♀ car pr elle, il n’est pas normal qu’elle soit inférieure à l’♂ et sa victime.
            • Modernité perso. de M. --> à travers sa lettre, remet en question éducation de la ♀.
            • M. refuse d’ê esclave de ses sentiments et d’un homme => M. = ♀ autonome & indépendante.
            • Prémices, débuts du féminisme.
            1. Révolte libertine et exaltation du moi.

              • Véritable fierté, orgueil immense de la Marquise --> pronoms (je, moi,…)
              • Libération indiv. qui va jusqu’au narcissisme --> culte d’elle-même.
              • Le danger serait de se perdre ds les rôles qu’elle joue, de perdre son masque.
              • Mise en scène de soi avec V.
              • l.4 : « je suis mon ouvrage » --> extrême fierté, s’est fabriquée de ttes pièces
              • => montre son indépendance, autonomie et… son orgueil.
              • Impression d’un dédoublement de sa personnalité --> double jeu.
              • Contrôle de soi.
              • Fière de rivaliser avec la scté et l’♂.
              • Ivre de liberté.

                Lecture analytique de la lettre 2, des Liaisons Dangereuses, de Choderlos de Laclos

                Lettre 2

                La marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont


                Les Liaisons dangereuses = roman épistolaire écrit par Choderlos de Laclos au XVIIIème s. et publié en 1782. Laclos veux d’après lui, peindre le monde du libertinage et mettre en évidence la perversion des valeurs des lumières. Dès sa parution le livre fait scandale ( on lui reproche de s’être détourné des principes des Lumières, roman n’est pas assez moralisateur => interdit au XIXème s). Dans cette lettre, écrite à Paris le 4 aout 17**, la Marquise de Merteuil exige le retour de son ancien amant le Vicomte de Valmont pour lui faire part d’un projet. Cette 2ème lettre du roman constitue le 1er échange Merteuil / Valmont --> ce qui permet au lecteur de comprendre la nature de leur relation. C’est également la m-en-p de l’intrigue du roman puisque la Marquise y présente son projet de séduction machiavélique.

                Nous pourrons nous demander en quoi la lettre est un outil dangereux qui permet de révéler l’hypocrisie des personnages et la m-en-p d’une stratégie libertine.

                I- La nature de la relation.

                1. Complicité et confidence.
                2. Domination et amour-propre.
                3. Artifice et méchanceté.

                II- Un projet machiavélique.

                1. Le désir de vengeance. 
                2. Deux portraits méprisants.
                3. But : gloire et humiliation.

                III- La lettre comme mise en abyme du roman.

                1. Éloge de l’hypocrisie et du libertinage.
                2. Une femme supérieure et émancipée.
                3. Deux héros négatifs.
                Conclusion : La lettre 2 donne un 1er éclairage sur la personnalité de Merteuil à travers la présentation de son projet. On peut déjà commencer à cerner sa personnalité. On peut rapprocher cette lettre à la lettre 81 où elle fait son autoportrait, son propre éloge, ce montre comme une maîtresse de sa volonté, championne de l’hypocrisie et déterminée à atteindre tous ses buts.



                I- La nature de la relation.

                1. Complicité et confidence.

                • l.19-20 --> confidence = sincérité & exclusivité.
                • Complicité car passé partagé --> M & V se st fait trahir.
                • l.25 --> exprime ses sentiments.
                • « confier » l.5 --> fait confiance à Valmont. Intimité entre les deux perso.
                • Ils ont été amants dc M. sait comment s’y prendre avec lui pr le convaincre de revenir et pr lui faire part de son projet.
                1. Domination et amour-propre.

                • Confidence ms pas de tendresse, du lyrisme.
                • M. donne ordres à V. :
                • - Voc. de l’injonction :
                • - Impératifs dès le 1er mot --> ordre, ne lui laisse vraiment pas le choix.
                • - l.5, l.11 « je veux », l.56 « j’exige » --> obéissance = relation de dominante à dominé --> pas de véritable amitié en vérité.
                • - Not. 1er paragraphe --> V. doit ê à ses ordres, le vicomte se fait dicter sa conduite.
                • Prend V. de haut, très fière, orgueilleuse, pour elle c'est une faveur qu'elle lui fait :
                • - « prendre », l.5 « confier l’exécution », l.8 « mais vous abusez de mes bontés » l.6 et 7 « trop honoré de mon choix », l.7 et 8 « prendre mes ordres à genoux » , l.12 « Je veux donc bien vous instruire de mes projets »
                • Futur de l’indicatif --> l.15 : « vous servirez l’amour et la vengeance ».
                • l.13 --> rabaisse à un statut de vassal. M = seigneur, maîtresse & V = son vassal.
                • l.55 : « vous n’avez plus qu’à me remercier et m’obéir » --> montre la domination féminine de la correspondance.
                1. Artifice et méchanceté.

                • l.15 : « Elle est digne d’un Héros : vous servirez l’amour et la vengeance » --> association « amour » et « vengeance » = idéaux pervertis.
                • => On comprend que leur relation a pr obj. de faire le mal, nuire à autrui.
                • M. veut persuader V. en flattant sa vanité --> voc. de la chevalerie détourné ds 1er paragraphe.
                • l.16 « rouerie » --> mot permettant de faire une définition du lien entre les 2 perso. – cette définition entre eux 2 s’affirme & s’assume.
                • l.16-17 : « ce sera enfin une rouerie de plus à mettre dans vos Mémoires » --> V. n’est pas à son 1er coup d’essai, il a l’hab.
                • Perversion sens « Mémoires » --> éprouve fierté pour sa vie passée à faire le Mal (héroïque).
                • l.17 à 19 --> orgueil total, tire fierté, rouerie, ruse à faire le Mal.
                  • Transition : 1ère positions des perso., relation basée sur intimité & complicité dominant/dominé qui s’unie ds le projet de faire le Mal. 

                    II- Un projet machiavélique.

                    1. Le désir de vengeance.

                      • Pt de départ --> M. trahie par ancien amant Gercourt - elle a bcp de mal à enlever de sa tête l’idée que G. ait été un amant infidèle --> désir de vengeance.
                      • l.21 « Mme de Volanges marie sa fille », l. 23 « Et qui croyez-vous qu’elle ait choisi pour gendre ? le Comte de Gercourt , l.24 « Qui m’aurait dit que je deviendrais la cousine de Gercourt ? »
                      • l.4-5 : « Il m’est venu une excellente idée, et je veux bien vous en confier l’exécution. », l.12 : « Je veux donc bien vous instruire de mes projets… » => instigatrice projet à son vassal V.
                      • l.15 : « Elle est digne d’un Héros : vous servirez l’amour et la vengeance… » --> idée assez haute d’elle-même & de son plan.
                      • l.29 : « et l’espoir de me venger rassérène mon âme. » --> fort désir de vengeance.
                      • l.38 : « Prouvons-lui donc qu’il n’est qu’un sot ».
                      • Projet révélé au paragraphe 3 --> projet libertin & cruel.
                      • Paragraphes 3 & 4 --> double vengeance.
                      • V. doit séduire Cécile pr humilier Gercourt (ruiner sa réputation) + en faire une libertine.
                      • l.45 à 47 : « il y aura bien du malheur si le Gercourt ne devient pas, comme un autre, la fable de Paris ». l.45 : « si une fois vous formez cette petite fille ».
                      • l.34 : « le sort inévitable » --> fatalité : son plan va forcément fonctionner.
                        1. Deux portraits méprisants.  C. But : gloire et humiliation.

                        • Gercourt = perso. ridicule & prétentieux.
                        • l.32 : « l’importance que met Gercourt à la femme qu’il aura ».
                        • M. critique le choix de G. pr sa femme + le trouve superstitieux & stupide.
                        • l.38 à 40 : « il n’aurait jamais fait ce mariage, si elle eut été brune, ou si elle n’eut pas été au Couvent » --> pr G. Cécile = femme parfaite car elle est blonde & sort du Couvent.
                        • l.46 : « Le Gercourt » --> côté méprisant.
                        • l.47 : M. veut le ruiner socialement, l’anéantir & en faire « la fable de Paris ».
                        • l.43-44 : « Comme nous nous amuserons le lendemain en l’entendant se vanter ! » --> tire plaisir de cette vengeance. Se venger & faire la Mal = son plaisir.
                        • l.48 : « l’Héroïne de ce nouveau Roman » --> Cécile est un pantin à manipuler.
                        • l.49 « cela n’a que quinze ans », l.51 « nullement maniérée » --> Cécile = enfant naïve & innocente.
                        • Transition : La Marquise m-en-p un véritable projet machiavélique. La lettre apparaît alors co. une arme dangereuse. Ns verrons qu’elle constitue =nt une mise en abyme du roman lui-même.


                        III- La lettre comme mise en abyme du roman.

                        1. Éloge de l’hypocrisie et du libertinage.

                        • l.15 à 17 --> association de mots opposés.
                        • M. désir rendre noble ce qui ne l’est pas.
                        • La vengeance & l’artifice = nvx idéaux de M.
                        • – Ton employé + vocab. de l’ordre et de l’amour-propre. – Mise en avant de l’artifice : l.15 « Héros », l.17 « Mémoires », l.48 « Héroïne » (voc. de la litt. & du roman).
                        • Le projet est vu co. une véritable œuvre d’art où perso. = pantins à manipuler ou acteurs sans libre-arbitre.
                        • Innocence & naïveté Cécile / volontés G. ≠ M. & V. libertins endurcis.
                        • => éloge du libertinage & mépris de l’innocence et sottise.
                        • Renvoie au titre de l’œuvre  1ère lettre où on voit union ds le Mal entre M. & V.
                        •  1ère Liaison Dangereuse.
                        1. Une femme supérieure et émancipée.

                        • Domination ♀ sur ♂ --> contraire idées époque où ♀ = « sexe faible ».
                        • l.59 : « pas même le régnant Chevalier » --> méprit des amants.
                        • M. est plus intelligente que V. --> elle est manipulatrice.
                        • l.60-61 : « Vous voyez que l’amour ne m’aveugle pas » --> Extrême contrôle de soi-même.
                        • Mépris de l’amour --> elle ne veut pas ê soumise à un homme (ms plutôt l’inverse).
                        • Tt au long de la lettre --> se sent co. une ♀ de tête, supérieure.
                        • l.64-65 : « bientôt je ne m’occuperai plus de vous » --> met en avant désir indépendance & liberté. => elle n’est pas enchaînée par un ♂.
                        1. Deux héros négatifs.

                        • A rebours de la déf. trad. des héros de roman.
                        • M. & V. = héros négatifs (et dc peu classiques). --> idéaux renversés => siècle des Lumières = idée de liberté, émancipation détournée.--> perversion des valeurs : au lieu de servir le bien --> l’amour & la vertu vt servir Mal, le mensonge & le vice.

                        Lectures analytiques de « le Soleil », Tableaux parisiens, Les fleurs du mal, Charles Baudelaire.

                        La définition baudelairienne Bernard poétique.

                        Le soleil

                        Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
                        Les persiennes, abri des secrètes luxures,
                        Quand le
                        soleil cruel frappe à traits redoublés
                        Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
                        Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,
                        Flairant dans tous les coins les hasards de la
                        rime,
                        Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
                        Heurtant parfois des
                        vers depuis longtemps rêvés.

                        Ce
                        père nourricier, ennemi des chloroses,
                        Eveille dans les champs les vers comme les roses ;Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel,
                        Et remplit les
                        cerveaux et les ruches de miel.
                        C'est lui qui rajeunit
                        les porteurs de béquilles
                        Et les rend gais et doux comme
                        des jeunes filles,
                        Et commande aux moissons de croître et de mûrir
                        Dans le coeur immortel qui toujours veut fleurir !

                        Quand,
                        ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
                        Et
                        s'introduit en roi, sans bruit et sans valets,
                        Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.


                        1ère strophe :

                        cadre : « vieux faubourg » : lieu en marge, à la frontière de la ville et de la campagne
                        « fantasque escrime » = écriture poétique = combat, déambulations, errance solitaire (« seul »)
                        « heurtant » esthétique du choc : - esthétique moderne, rapport au réel
                        - montre la difficulté de la création poétique
                        → poète doit se laisser guider par les difficultés
                        allitération en « R » = impossible à prononcer
                          = impose une lutte au lecteur (vers 3)
                        = quête de rudesses extérieures
                        portrait d'un poète marginal, décalé, ironique, maladroit, « trébuchant »
                        comparaison poésie / ville

                        2ème strophe :

                        « ce père nourricier » = « soleil cruel » : contradiction de l'évocation du soleil
                        enchaînement syntaxique complexe et peu cohérent
                        univers bucolique et champêtre (antiquité : Virgile)
                        Soleil engendre la vie, vitale, « Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel », principe créateur (« père », « éveil »…)
                        choc de voc : lexique prosaïque : « cerveaux », « rose »
                        lexique médical = lieu bucolique
                        « porteurs de béquilles » ↔ « jeune fille » = caricaturale / exagération / éloge ironique
                        prend des clichés de la poésie il s'en moque
                        3ème strophe :

                        bilan – synthèse
                        poème sinueux = hésitation
                        comparée : soleil ↔ comparant : poète
                        → noblesse du soleil 2ème strophe profite au poète
                        → Baudelaire propose une nouvelle vision de la création poétique
                        → comme le soleil, le poète peut transfigurer la réalité (V 18).
                        « il ennoblit le sort des choses les plus viles » = la vraie valeur de la poésie pour Baudelaire

                        contradiction : - 1ère strophe : heurte les mots
                        - 3ème strophe : facilitée « s'introduit en roi… »
                        Poète marginale : il n'est personne et peut donc être tout le monde
                        → fier d'être poète
                        capable de parler au nom de toute l'humanité
                        → être à l'écart de la société devient ici un atout

                        Lecture analytique : "Le cygne", Charles Baudelaire

                        « Le cygne » : une méditation lyrique profonde sur la mémoire et les pouvoirs de la poésie.

                        I
                        Andromaque, je pense à vous ! Ce petit fleuve,
                        Pauvre et triste miroir où jadis resplendit
                        L'immense majesté de vos douleurs de veuve,
                        Ce
                        Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit,
                        A fécondé soudain ma mémoire fertile,
                        Comme je traversais le
                        nouveau Carrousel.Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville
                        Change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel
                        ) ;

                        Je ne vois qu'en esprit tout ce
                        camp de baraques,
                        Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts,
                        Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des fl
                        aques,
                        Et, brillant aux carreaux, le
                        bric-à-brac confus.

                        Là s'étalait jadis une ménagerie ;
                        je vis, un matin, à l'heure où sous les cieux
                        Froids et clairs le Travail s'éveille, où la voirie
                        Pousse un sombre
                        ouragan dans l'air silencieux,

                        Un cygne qui s'était évadé de sa cage,
                        Et, de
                        ses pieds palmés frottant le pavé sec,
                        Sur le sol raboteux traînait son
                        blanc plumage.
                        Près d'un ruisseau sans eau la bête ouvrant le bec

                        Baignait
                        nerveusement ses ailes dans la poudre,
                        Et disait, le
                        coeur plein de son beau lac natal :
                        "Eau, quand donc pleuvras-tu ? quand tonneras-tu, foudre ?"
                        Je vois ce malheureux,
                        mythe étrange et fatal,

                        Vers le ciel quelquefois, comme
                        l'homme d'Ovide,
                        Vers le ciel ironique et cruellement bleu,
                        Sur son cou
                        convulsif tendant sa tête avide
                        Comme s'il adressait des reproches à Dieu !

                        II

                        Paris change ! mais rien dans ma
                        mélancolie
                        N'a bougé ! palais neufs, échafaudages, blocs,
                        Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie
                        Et
                        mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs.

                        Aussi devant ce Louvre une image m'opprime :
                        Je pense à mon grand cygne, avec ses
                        gestes fous,
                        Comme les exilés, ridicule et sublime
                        Et rongé d'un désir sans trêve ! et puis à vous,
                        Andromaque, des bras d'un grand époux tombée,
                        Vil bétail, sous la main du superbe Pyrrhus,
                        Auprès d'un tombeau vide en extase courbée
                        Veuve d'Hector, hélas ! et femme d'Hélénus !

                        Je pense à la négresse, amaigrie et phtisique
                        Piétinant dans la boue, et cherchant, l'oeil hagard,
                        Les cocotiers absents de la superbe Afrique
                        Derrière la muraille immense du brouillard ;

                        A quiconque a perdu ce qui ne se retrouve
                        Jamais, jamais ! à ceux qui s'abreuvent de pleurs
                        Et tètent la Douleur comme une
                        bonne louve !
                        Aux maigres orphelins séchant comme des fleurs !

                        Ainsi dans la forêt où mon esprit s'exile
                        Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor !
                        Je pense aux matelots oubliés dans une île,
                        Aux captifs, aux vaincus !... à bien d'autres encor !



                        Référence mythologique et littéraire :

                        « l'homme d'Ovide » : l'être humain
                        anoblir le « cygne » symbole de l'humanité
                        → « Les métamorphoses d'Ovide »

                        « Andromaque » :
                        → l'Iliade d'Homère
                        → femme d'Hector, devient esclave fait tout pour sauver son fils et le souvenir de son mari
                        → personnage central de la tragédie de Racine

                        – le « Simoïs » de la plaine de Troie
                        « menteur » : référence à Racine
                        → petit fleuve créé par Andromaque

                        « bonne louve» : fondateur de Rome : Remus et Romulus
                        → Paris nourrit son imaginaire

                        Comme Andromaque qui garde le souvenir de Hector
                        le poète garde le souvenir du Vieux Paris
                        – le mythe du chant du cygne (chante avant de mourir)

                        1ère partie :

                        – poème commence par une apostrophe : monde lyrique
                        – V4 périphrase du V1
                        « ce petit fleuve […] a fécondé »
                        3v av le verbe : dur à suivre
                        – fait surgir Paris : « comme » c. c. de temps
                        – « eau féconde » : source de vie
                        – V6 = fin de phrase → phrases qui n'en finisse pas = hésitations
                        V7 : on s'attend à un souvenir mais c'est un constat :
                        → digression soulignés par les « ( ) »
                        opposition : « nouveaux Carrousselle » = « Vieux Paris »
                        étrange car ville peut vivre plus longtemps que l'être humain
                        assonance en « aque » + rythme irrégulier souligne le « bric-à-brac » et l'image du cygne
                        trébuchant.
                        → Echo
                        – précaire « camp » : provisoire
                        strophe 4 : apparition du souvenir de + en + net
                        antithèse : « ouragan silencieux »
                        – images se bousculent = syntaxe sinueuse
                        strophe 5 : répétitif qui correspond au pas du cygne → écho et rudesse

                        Quels procédés permettent à Baudelaire de transformer l'évocation d'un souvenir précis en véritable mythe, dans les derniers quatrains de la 1ère partie ?

                        – Baudelaire associe explicitement le cygne et le mythe dans le v24 et la dernière strophe
                        – cygne personnifiée « il disait » : apostrophe
                        – jeu de miroirs = chiasme
                        – s'adresse aux éléments (personnifiés aussi)
                        – s'exprime comme un héros de tragédie
                        « eau » sonne comme le « Ô » lyrique
                        – comparaison « l'homme d'Ovide »
                        ciel ← Dieu → tutoient les dieux / s'élève
                        « avide », « convulsif » : douleur
                        « frottant les pavés » (sol) puis lève la tête / se redresse
                        – souvenir d'un être qui se souvient : poème = monument dédié à la mémoire de la mémoire
                        – animal pur / blanc plumage : Ange
                        + capable de nostalgie → importance du mot « cœur » (noblesse, devient l'image du poète)
                        – présent – imparfait – présent – imparfait
                        – v6 « je vis, un matin, » : je vois
                        – dans une 1ère partie : tire l'éternel du transitoire : ne tourne pas le dos au passé

                        Montrer de quelle façon Baudelaire suggère le passage du chaos à l'harmonie poétique.
                        2ème partie :

                        miroir de la 1ère partie
                        – plus ordonné : connecteur logique
                        – 1ère strophe en moins
                        – anaphore en « je pense » alors que première partie « je vois »
                        – élargissement dans les deux derniers quatrains
                        – 3ème quatrain très rythmé
                        – « I » assonance
                        – nom « Andromaque » mise en valeur
                        – reconstruction d'un souvenir : les images s'imposent à lui
                        « souvenirs sont plus lourds que des rocs » : souvenirs plus fort que réalité,
                        pesant et douloureux : « mélancolie », « Douleur »
                        « cher » = le + important, le + précieux
                        « geste fou » reprend « nerveusement »
                        – « négresse » = « cygne »
                        « souvenirs sont plus lourds que des rocs » (mot qui s'arrête net)
                        « vieux souvenirs sonne à plein souffle du cor » (même lettre) (mots qui résonnent)
                        – « forêt » = mémoire du poète (souvent dans la littérature)
                        = substitut à l'univers de la ville
                        → grâce à cela il peut parler au nom de tous
                        le lyrisme anobli la souffrance
                        – v51 : référence à Victor Hugo
                        ambivalence : strophe 5 : la mélancolie nourrit la vie, personne chérisse leur douleur
                        → source de création / vie = positif
                        – « superbe » à deux sens : strophe 3 = arrogant
                        strophe 4 = beauté
                        → élément qui alimente la densité du poème